Cette semaine, en flânant sur la toile culino-bloguesque, je suis tombé sur le scan d’un article de Marianne, dont l’auteur est Périco Légasse, critique gastronomique, défenseur du « goût vrai » … A sa lecture, je ne puis rester de marbre aux diverses réflexions amenées. Ho, ne craignez rien, je ne compte pas me mesurer à une telle pointure de la critique gastro, mais tout de même, je ne suis pas des « bénis Oui-Oui », ni des manichéens, et ai donc le droit d’avoir un point de vue.
Cet article part des élections de « Meilleur Restaurant du Monde » … l’auteur dénonce la démarche sous deux angles: pourquoi et comment élire un chef comme le meilleur au monde ? Et puis, qui est derrière cette élection ? Pour être bref, c’est un gros coup de com’ marketing: l’élection porte le nom d’une célèbre eau minérale, qui appartient à un immense groupe agro-alimentaire suisse, qui recherche une certaine légitimité par l’intermédiaire de la haute gastronomie, voire plus si affinité. Je suis assez d’accord avec l’auteur quant à l’inutilité d’un tel classement, mais que voulez-vous, notre société moderne se base sur de sempiternels classements plus farfelus les uns que les autres, plus ou moins objectifs, plus ou moins pertinents. En matière de cuisine, ce qu’oublie de préciser Légasse, c’est que ce genre de démarche sous-entend une homogénéité des goûts à travers les peuples, des coutumes culinaires, en gros, une mondialisation du goût: ce qu’aimerait les groupes mondiaux agro-alimentaires. Nous faire aimer la même chose, aux mêmes heures de la journée et ce, quel que soit l’endroit où l’on se trouve en ce bas monde ...
Ce qui dérange ensuite l’auteur, ce sont les élus … des pontes de la cuisine dite « moléculaire » (Adria, puis maintenant Redzepi), au détriment de nos bons grands chefs franco-français. Cette cuisine détourne du goût vrai des aliments … ha ?! … parce qu’il y a un goût véritable ? Je vais reprendre l’argumentation d’Hervé This (partagée par Pierre Gagnaire et bien d’autres) … à la cueillette, les fruits et les légumes dégagent des enzymes qui commenceraient à modifier leur nature gustative originale. Ensuite, selon le terroir, le goût du produit diffère. Et pour finir, selon que l’on cuise ou non les aliments, leur goût changera à nouveau. là-dessus, quel est le goût réel d’un Concombre, d’une Tomate ou d’un Rôti de Bœuf de Limousine ? La cuisine « moléculaire » ne doit pas être exclusive, mais seulement une facette d’un plat ou d’un repas, à mon avis. Il faut avouer qu’elle a amenée nombre de curiosités intéressantes dans nos assiettes, chassant une certaine morosité qui commençait à s’installer durablement … parce qu’après avoir allégé les classiques, les avoir revisité, puis déstructuré, il fallait continuer à évoluer.
Le problème en fait, c’est qu’il n’y a pas de français dans les 10 premiers du classement … la faute à qui ? A Galouzeau de Villepin … ha bin si !!! D’après l’auteur, les anglo-saxons nous auraient évincé du podium en représailles à la non participation à la guerre en Irak ?!!! Il fallait la trouver celle-là … ce n’est parce que nous nous reposons sur nos lauriers, ni parce que nous ne cessons de nous regarder le nombril, pauvre Caliméro que nous sommes, non, c’est parce que le Monde ne nous aime pas !! C’est super prétentieux de croire que 60 millions de pelés intéressent, voire perturbent à ce point le reste de la population … c’est français, quoi … Non, parce que vous vous rendez compte, mais il faut aller aux 29è et 41è places pour rencontrer des chefs tricolores: Robuchon, qui a volontairement laissé tomber la haute voltige (peut-être aussi pas lassitude non avouée, ce qui peut se comprendre au bout de plusieurs décennies de recherches); et Ducasse, qui ne sait sûrement plus à quoi ressemble un piano depuis maintenant un bon bout de temps. Reconnaissons-le: depuis quand les français n'ont pas été innovants, créatifs ? Certes, les grands de ce monde viennent se former chez nous, mais est-il interdit aux disciples de dépasser leur maître à un moment ou à un autre ? N’est-ce pas là le but premier de la formation: espérer perpétuer, voire permettre de dépasser les connaissances acquises à un instant T ? Que diraient Platon et Aristote: que la philosophie moderne n’aurait pas le droit d’exister ? Comme je dis dans le commentaire du billet, Marc Veyrat fut reconnu en son temps comme le meilleur, aux autres de se dépasser … et ne soyons pas mauvais perdants ...
Bref, demain, c’est la diffusion de l’émission Madame est Servie, sur France Bleue Périgord, avec ma goule en guest ;o), entre 11h et Midi … et 3 recettes, que je commencerai à poster dès la fin de l'émission … on peut l’écouter via leur site, ou la Podcaster … je la mettrais en téléchargement, si j’y arrive: là, ce qui n’est pas gagné ;o) !!
Cet article part des élections de « Meilleur Restaurant du Monde » … l’auteur dénonce la démarche sous deux angles: pourquoi et comment élire un chef comme le meilleur au monde ? Et puis, qui est derrière cette élection ? Pour être bref, c’est un gros coup de com’ marketing: l’élection porte le nom d’une célèbre eau minérale, qui appartient à un immense groupe agro-alimentaire suisse, qui recherche une certaine légitimité par l’intermédiaire de la haute gastronomie, voire plus si affinité. Je suis assez d’accord avec l’auteur quant à l’inutilité d’un tel classement, mais que voulez-vous, notre société moderne se base sur de sempiternels classements plus farfelus les uns que les autres, plus ou moins objectifs, plus ou moins pertinents. En matière de cuisine, ce qu’oublie de préciser Légasse, c’est que ce genre de démarche sous-entend une homogénéité des goûts à travers les peuples, des coutumes culinaires, en gros, une mondialisation du goût: ce qu’aimerait les groupes mondiaux agro-alimentaires. Nous faire aimer la même chose, aux mêmes heures de la journée et ce, quel que soit l’endroit où l’on se trouve en ce bas monde ...
Ce qui dérange ensuite l’auteur, ce sont les élus … des pontes de la cuisine dite « moléculaire » (Adria, puis maintenant Redzepi), au détriment de nos bons grands chefs franco-français. Cette cuisine détourne du goût vrai des aliments … ha ?! … parce qu’il y a un goût véritable ? Je vais reprendre l’argumentation d’Hervé This (partagée par Pierre Gagnaire et bien d’autres) … à la cueillette, les fruits et les légumes dégagent des enzymes qui commenceraient à modifier leur nature gustative originale. Ensuite, selon le terroir, le goût du produit diffère. Et pour finir, selon que l’on cuise ou non les aliments, leur goût changera à nouveau. là-dessus, quel est le goût réel d’un Concombre, d’une Tomate ou d’un Rôti de Bœuf de Limousine ? La cuisine « moléculaire » ne doit pas être exclusive, mais seulement une facette d’un plat ou d’un repas, à mon avis. Il faut avouer qu’elle a amenée nombre de curiosités intéressantes dans nos assiettes, chassant une certaine morosité qui commençait à s’installer durablement … parce qu’après avoir allégé les classiques, les avoir revisité, puis déstructuré, il fallait continuer à évoluer.
Le problème en fait, c’est qu’il n’y a pas de français dans les 10 premiers du classement … la faute à qui ? A Galouzeau de Villepin … ha bin si !!! D’après l’auteur, les anglo-saxons nous auraient évincé du podium en représailles à la non participation à la guerre en Irak ?!!! Il fallait la trouver celle-là … ce n’est parce que nous nous reposons sur nos lauriers, ni parce que nous ne cessons de nous regarder le nombril, pauvre Caliméro que nous sommes, non, c’est parce que le Monde ne nous aime pas !! C’est super prétentieux de croire que 60 millions de pelés intéressent, voire perturbent à ce point le reste de la population … c’est français, quoi … Non, parce que vous vous rendez compte, mais il faut aller aux 29è et 41è places pour rencontrer des chefs tricolores: Robuchon, qui a volontairement laissé tomber la haute voltige (peut-être aussi pas lassitude non avouée, ce qui peut se comprendre au bout de plusieurs décennies de recherches); et Ducasse, qui ne sait sûrement plus à quoi ressemble un piano depuis maintenant un bon bout de temps. Reconnaissons-le: depuis quand les français n'ont pas été innovants, créatifs ? Certes, les grands de ce monde viennent se former chez nous, mais est-il interdit aux disciples de dépasser leur maître à un moment ou à un autre ? N’est-ce pas là le but premier de la formation: espérer perpétuer, voire permettre de dépasser les connaissances acquises à un instant T ? Que diraient Platon et Aristote: que la philosophie moderne n’aurait pas le droit d’exister ? Comme je dis dans le commentaire du billet, Marc Veyrat fut reconnu en son temps comme le meilleur, aux autres de se dépasser … et ne soyons pas mauvais perdants ...
Bref, demain, c’est la diffusion de l’émission Madame est Servie, sur France Bleue Périgord, avec ma goule en guest ;o), entre 11h et Midi … et 3 recettes, que je commencerai à poster dès la fin de l'émission … on peut l’écouter via leur site, ou la Podcaster … je la mettrais en téléchargement, si j’y arrive: là, ce qui n’est pas gagné ;o) !!
Mais pourquoi faut-il absolument être innovant et créatif ? Pourquoi me pas faire tout simplement une cuisine qui soit savoureuse, pas ennuyeuse, et qui satisfasse à la fois les papilles, la tête et le cœur, et qui corresponde au moment et au lieu où on la mange ?
RépondreSupprimerD'ailleurs, a-t-on réellement INVENTÉ quelque chose de nouveau dans la dernière décennie ? le sucré salé , ça existe depuis la préhistoire, l'association de la mangue et du reblochon ? fruit et fromage, ça existait aussi au Moyen-Age, l'utilisation de l'agar agar ? ma grand mère, née au XIX° siècle, s'en servait déjà. Las algues ? Les japonais en mangent depuis des millénaires. Bref, les soi-disantes innovations des chefs contemporains, bien souvent ont déjà été réalisées, puis oubliées, dans les siècles passés.
Je crois qu'il en faut pour tous les goûts, du moléculaire et du pas moléculaire, et que l'un n'est pas supérieur à l'autre. Il existe à l'étranger comme en France de très bons chefs, mais les meilleurs ne sont pas forcément ceux qui sont médiatisés.
Quant au premier restaurant français à arriver sur cette liste dont vous parlez, c'est une bonne blague ! ;-)
Moi je dis que le meilleur cuisinier du monde c'est Rnald Mc Donald, vu que c'est celui qui à le plus de restaurants.
RépondreSupprimerC'est un critère valable ça ?
Et pis les critiques, est-c'qu'ils savent faire un oeufs au plats ?
Perso, j'ai mes propres ôûts musicaux, mais je ne connais pô une seule note de musique.
Alors est-ce que la musique à la mode est la meilleurs musique au même tire que la cuisine molléculaire, ou est-ce que la musique des Beattles est la meilleure au m^me titre que la cuisine de ma grand-mère.
Moi, je dis chacun ses goûts.
Sur ce j'en conclue que le meilleur cuistot du mon c'est moi, car je ne cuisine que des ingrédients que j'aime, suivant un style de cuisine que j'aime, et comme le meilleur des cuisiner doit me donner le max de plaisir . . .
A+
J'aime assez la conclusion du gars (mais pas son introduction !) et j'allais te signaler le billet de Marie Claire à ce sujet (mais pas que, va voir, intéressant):
RépondreSupprimerhttp://dumieletdusel.canalblog.com/archives/2010/05/03/17769962.html
Et je vois qu'elle t'a laissé un commentaire.
Je partage assez ton avis mais invente-t-on réellement ? TRès peu le font, des gens comme Gagnaire peut être bien ; la plupart des chefs font une cuisine de qualité (ou pas), avec des produits de qualité (ou pas), selon des techniques propres ou novatrices, il en faut pour tous les goûts. La moléculaire n'est pas une fin en soi, mais elle peut apporter des touches ludiques à un plat.
Perso, je suis d'accord avec vous 3 jusqu'à présent ...
RépondreSupprimer@ Marie-Claire ... je suis des premier à dire et ce, tout au long de ce blog depuis ses débuts, que la création en terme de cuisine est bien prétentieuse ... quand je parle d'innover, j'entends casser une certaine morosité, mais toujours avec une certaine réflexion derrière ... la cuisine avec des fleur pour colorer l'assiette et lui donner un caractère écolo, je ne vois pas trop; par contre, pour compléter une saveur, là oui. Adria, par exemple, a eu l'idée d'utiliser le Siphon à chaud, au risque que ça lui saute à la figure, pour arriver aux écumes que l'on connait tous: c'est une forme d'innovation. On aime ou pas, mais certaines fois, l'écume s'avère intéressante. De même avec l'agar qu'il a chipé à la cuisine asiatique, mais qu'il a ensuite "théorisé". Ce ne sont pas des créations au sens premier du terme certes, mais il a réfléchi sur un sujet pour apporter sa pierre à l'édifice culinaire mondial ... après, quant à une révolution ou autre, je laisse à chacun de juger, avec son libre arbitre et ses goûts.
@u Gars ... et oui, la meilleure cuisine est celle que l'on aime ... après, il faut avouer que certains palais ne sont pas capables d'apprécier un consommé de boeuf transparent comme de l'eau de roche et goûteux à souhait, par rapport à une brochette mexicaine préparée par l'industrie agro-alimentaire bas de gamme ... Pourtant, il y a bien une différence, il y en a bien une Meilleure que l'autre, ou alors c'est la porte ouverte ou toutes les merdes ... La masse n'a jamais eu raison, je ne vois pas pourquoi aujourd'hui et dans le domaine de la cuisine cela changerait.
@ Tiuscha ... je le répète, quand je parle d'innover, j'entends réfléchir à son sujet, et non simplement copier/coller ce qui se fait ... celles et ceux s'intéressant un temps soit peu à la cuisine s'aperçoivent qu'il n'y a rien de bien original aujourd'hui. Par exemple, sur les derniers Thuriès, perso, je n'ai vu que la coque en spaghettis de Marx qui soit intéressante, sur plus d'une année ... là, rien d'innovant, simplement une interprétation intéressante. Entièrement d'accord avec toi quant à la touche ludique de la cuisine moléculaire ...
On invente pas vraiment. Je retrouve bons nombres de recettes "nouvelles" dans les vieux bouquins de mon grand-père. Seuls les photos et certains ingrédients varient. Pour la nouveauté, je la trouve pour l'instant de l'autre côté de la Manche. Les chefs anglais débordent de créativité.
RépondreSupprimerC'est clair ... on prend de bonnes vieilles recettes, et les interprète comme on l'entend, au goût du jour, en mettant en exergue un ou des produits. Il faut avouer que Jamie Oliver a sacrément dépoussiéré la cuisine du quotidien aux débuts des années 2000, sans rien inventé ... j'ai découvert une cuisson de patate douce façon risotto d'un chef outre atlantique ... bref, je trouve aussi que la créativité ne se situe pas en ce moment sur l'hexagone ...
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